Un coup d’arrêt brutal ou une bouffée d’air frais ? Depuis la publication des propositions Omnibus, le monde du développement durable est en ébullition. Pour les responsables RSE, le premier choc a laissé place à un mélange étrange de soulagement, d’amertume, et de désarroi. D’un côté, un répit bienvenu face à des exigences écrasantes. De l’autre, une question désolante : Tout ce travail pour rien ? Que faire maintenant ? Entre incertitudes et ajustements stratégiques, les entreprises doivent rapidement s’adapter à cette nouvelle donne.
Car avec les propositions de la directive Omnibus plusieurs changements à la Directive de Reporting de Durabilité (CSRD) sont attendus par les entreprises :
- Les grandes entreprises entre 250 et 1000 salariés et les PME cotées n’auraient plus l’obligation de publier un rapport de durabilité. Elles pourraient publier un rapport de manière volontaire selon de nouvelles normes basée sur le VSME (normes volontaires de reporting de durabilité pour PME non cotées).
- Les normes de durabilité seraient simplifiées de manière significative.
- L’échéance de publication pour les grandes entreprises qui n’étaient pas soumises à la NFRD (vague 2) et les PME cotées (vague 3) serait reporté de deux ans.
Ces modifications ne sont pas encore gravées dans le marbre : le Parlement européen doit encore les adopter. Le report des délais pourrait être validé en procédure accélérée le 1er avril, tandis que les autres propositions entreront dans un cycle de négociations qui pourrait s’étirer de longs mois. Une fois votée, la nouvelle norme volontaire sera adoptée en acte délégué sous quatre mois au plus tard, tandis que les normes ESRS simplifiées pour les grandes entreprises devraient voir le jour d’ici six mois. Enfin, les États membres disposeront d’un an après l’adoption par le Parlement pour intégrer la directive dans leur législation nationale. En attendant, les entreprises doivent toujours se conformer à la règlementation en vigueur et aux dispositions de la CSRD actuelle transposée dans de nombreux Etats Membres.
Les grandes entreprises de la deuxième vague devant publier leur premier rapport en 2026 sur l’année 2025 sont particulièrement touchées par ces changements, beaucoup d’entre elles ayant déjà commencé à se préparer au reporting de durabilité depuis de longs mois. Les responsables RSE ont travaillé sans relâche pour obtenir des ressources et le budget pour se mettre en conformité. Beaucoup ont dû faire face au scepticisme et aux réticences de leur comité exécutif et des conseils d’administration. Certes, ces modifications n’ont pas encore été adoptées. Mais que faire maintenant et comment garder le cap de la durabilité dans ce flou règlementaire ?
Nos conseils face à la nouvelle règlementation Omnibus
1. Ne pas oublier que si la règlementation de reporting évolue avec la loi Omnibus, les enjeux de durabilité restent les mêmes.
L’adaptation de la directive est une opportunité pour mobiliser les ressources sur la stratégie et les actions à impact plutôt que de la mise en conformité.
2. Menez à bout l’analyse de double matérialité de votre entreprise.
Elle n’est pas remise en cause dans les propositions Omnibus. C’est un exercice structurant même pour les entreprises qui sortiraient du périmètre de la CSRD. Elle vous permettra de voir clair sur l’impact de votre activité sur l’environnement et la société et comment ces impacts peuvent affecter la valeur de votre entreprise. Ainsi vous ne vous retrouverez pas pris au dépourvu au cas où le report de délai ne serait pas voté.
3. Utilisez la structure des ESRS pour faire une analyse d’écart macro.
Prenez de la hauteur et ne rentrez pas dans le détail des datapoint. Pour chaque enjeu retenu à l’analyse de double matérialité, analysez si vous avez en place la gouvernance, les politiques, les actions, les cibles et les indicateurs pour maitriser les impacts associés. Cette analyse constituera la base de votre feuille de route, étape indispensable à votre stratégie de durabilité que vous publiiez un rapport ou pas.
4. Priorisez vos actions sur le climat.
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S’il y a un enjeu qui restera prioritaire c’est bien celui du réchauffement climatique. Planifiez le calcul de vos émissions de gaz à effet serre, réfléchissez à vos objectifs et actions de décarbonation.
5. Alignez vos indicateurs aux ESRS ou aux normes volontaires
Les ESRS simplifiés privilégieront les points de données quantitatifs. Priorisez donc les indicateurs et alignez-les progressivement à ceux proposés dans les ESRS. Pour les entreprises qui sortiraient potentiellement du champ de la CSRD, vous pouvez considérer les indicateurs des normes volontaires pour PME non cotées, qui sont alignés aux besoins des acteurs financiers et aux ESRS pour grandes entreprises.
6. Réfléchissez à un plan B, en alternative à la CSRD
Si les propositions Omnibus sont adoptées et que vous faites parties des entreprises qui sortiraient du périmètre CSRD, vous avez deux options. Continuer à reporter selon les normes volontaires et/ou réfléchir comment réallouer les ressources mobilisées sur d’autres actions de durabilité à haute valeur ajoutée. Les propositions Omnibus peuvent être une opportunité pour vous concentrer sur de véritables actions à impact plutôt que de de la conformité. Soyez prêts avec les résultats de votre analyse de double matérialité pour rebondir avec des propositions d’actions à mettre en œuvre, chiffrez-les, et proposez-les à votre hiérarchie.
Si vous avez besoin d’y voir plus clair, n’hésitez pas à prendre contact avec nos experts en Reporting de durabilité. Un rendez-vous conseil offert vous sera proposé pour vous aider à y voir plus clair et identifier des solutions.