Existe-t-il des métiers réservés aux femmes ? Et d’autres aux hommes ?
Les femmes sont-elles plus à leur place dans les métiers du « care » que dans ceux de l’industrie ? Malgré des avancées en matière de mixité, les chiffres sectoriels de l’emploi des femmes montrent que les stéréotypes ont encore la vie dure.
Les choses bougent. D’accord. Mais pas assez vite. Cinquante ans après mai 68, et les premiers mouvements de libération de la femme, les secteurs les plus innovants restent des univers très masculins.
Selon l’édition 2019 de la publication Vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, disponible sur le site Internet du Secrétariat d’Etat chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre la discrimination, la part des femmes aux postes de cadres techniques est de 17,8% (chiffres 2016). Et elles ne sont que 13,4% à occuper des fonctions de Directrices techniques nationales. Tous secteurs confondus, les femmes sont encore surreprésentées dans les postes d’employés : 42,7% des femmes contre 12,6% des hommes.
Alors pourquoi ?
Comme toute question complexe, difficile d’imaginer une seule réponse évidente. Pour ma part, j’en vois au moins trois. Les voici :
> Des stéréotypes genrés qui perdurent
Des emplois peuvent être implicitement ou parfois explicitement considérés par les managers comme des « emplois d’hommes » ou des « emplois de femmes ». C’est souvent le cas si le poste a toujours été occupé par un homme (« pourquoi changer ? »). Ou s’il fait appel dans l’imaginaire professionnel collectif à l’usage de la force physique. Les femmes sont alors confrontées au poids de la “tradition”. Sur certaines fonctions, les hommes sont presque deux fois plus représentés : c’est le cas en maintenance, production, fabrication et exploitation.
> Un déficit d’informations auprès des jeunes filles
Selon une étude CSA de février 2018, 55% des jeunes filles ont déclaré connaître, à des degrés divers, l’industrie et ses métiers, contre 62% des garçons. Ce manque d’information est d’ailleurs cité comme l’une des causes de la faible présence de femmes dans l’Industrie par 84% des ingénieures et des étudiantes.
> Le syndrome de la bonne élève
Le monde du travail ne répond pas aux mêmes codes que celui de l’école. Pour être brillantes dans ses études, il faut être studieuses, discrètes et respecter les consignes à la lettre. Dans l’entreprise, cette même attitude cantonne les femmes aux fonctions exécutantes, où elles excellent. Dès qu’il s’agit de progresser dans la hiérarchie, les femmes ont tendance à vouloir cocher toutes les cases pour se sentir légitimes de proposer leur candidature. Les hommes ont un comportement différent. Ils prennent d’abord en considération leurs aspirations, quitte à parfaire leurs compétences après obtention du poste.
Des exemples inspirants d’entreprises qui valorisent la féminisation des métiers techniques
La mixité des métiers innovants n’est pas qu’une question d’égalité entre les sexes. Cela touche à la performance de l’entreprise et au bien-être des équipes. Face à ce constat, de grandes entreprises des secteurs techniques ont pris des initiatives pour être davantage le reflet de la société :
Au niveau mondial, L’Oréal compte 69 % de femmes dans ses effectifs, dont 47 % dans le domaine des opérations. Les outils concrets pour y parvenir ? Une expérience, menée dans le cadre de la transition digitale, qui a permis aux collaborateurs de se projeter dans les métiers du futur et de voir… que c’était aussi possible pour les femmes ! Autre initiative emblématique : le congé paternité à six semaines. « Il n’y a pas de métier qui ne soit pas accessible aux femmes, à condition qu’on leur donne la possibilité de l’exercer« , martèle Jean-Claude Le Grand, directeur général des relations humaines de L’Oréal.
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Orange : des partenariats associatifs pour faire bouger les choses
En partenariat avec des associations, Orange encourage des jeunes filles à embrasser des carrières techniques. Des actions de Shadowing sont ainsi organisées avec l’association « Femmes Ingénieures » pour que des jeunes filles des sections scientifiques découvrent le métier d’ingénieure ou de technicienne en entreprise et s’orientent vers ces filières. Orange s’associe aussi à l’association « Elles bougent » qui propose aux femmes ingénieures ou techniciennes de venir témoigner dans les collèges et les lycées.
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Arkema : une démarche originale de promotion de la place de la femme dans la société
Acteur majeur de la chimie sur le marché mondial, Arkema associe son nom à la D1 féminine pour devenir la D1Arkema. Le groupe français, déjà supporter officiel de la Coupe du monde féminine de la FIFA, France 2019, prolonge son engagement pour promouvoir le football féminin et la place des femmes dans l’entreprise au côté de la FFF.
Mais tous ces (bons) exemples ne doivent pas être les arbres qui cachent la forêt. Car, même si de nombreuses associations féminines, réseaux de femmes et entreprises se battent pour réduire l’écart en effectifs entre les hommes et les femmes dans le secteur de l’industrie, la parité est encore loin d’être acquise !
Et vous, quelle est votre analyse ? Votre entreprise a-t-elle mis en place des actions pour attirer les femmes dans les filières techniques ?
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