Secteur du BTP, enjeux RSE et développement durable

BTP et Immobilier : du changement sur les chantiers

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En 2022, le secteur du bâtiment (BTP et immobilier) représentait 43% des consommations énergétiques annuelles en France et générait pas moins de 23% des émissions françaises de gaz à effet de serre (GES). Face à ce constat criant, les acteurs du secteur, conscients de leur responsabilité, s’engagent à faire mieux et à faire vite. Ainsi assiste-t-on à un véritable bouleversement des pratiques dans le secteur du bâtiment et ce pour faire face à un triple enjeu : faire baisser les consommations d’énergie des bâtiments, réduire l’empreinte carbone de ces derniers et concilier la construction de bâtiments avec les écosystèmes naturels.

En finir avec les bâtiments énergivores

Entre chaleur, lumière et chauffage de l’eau, la consommation énergétique des constructions n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Ainsi, les acteurs de la construction affichent-ils leurs engagements et objectifs. L’heure est à l’énergie verte. Une grande majorité promeut donc la production d’énergie photovoltaïque à travers la mise en place de parcs sur les toits et façades de leurs constructions. Les plus ambitieux se fixent pour objectifs d’atteindre une certaine capacité d’énergie solaire dans un laps de temps restreint (2025 ou 2030). Afin d’optimiser la consommation énergétique de leurs constructions, certains acteurs utilisent des compteurs intelligents. D’autres développent même leur propre application pour suivre la consommation énergétique mais également la qualité de l’air au sein des bâtiments, entre autres.

On notera aussi le développement de systèmes de récupération de chaleur et, pour les plus avancés, des systèmes de stockage de l’énergie produite. Certains constructeurs tendent à mettre en place des modes de production d’énergie géothermique, ce qui constitue une avancée majeure pour le secteur. Pour d’autres comme l’IDEC, la production durable d’énergie passe par la mutualisation des modes de production à l’échelle d’un parc immobilier et pas seulement d’un bâtiment. Enfin, on assiste au développement de constructions de maisons passives en bois certifiées PassivHaus, de bâtiments certifiés Bâtiment Basse Consommation (BBCA) ou NF Habitat HQE.

Les systèmes de ventilation et de climatisation (CVC), à l’accoutumé particulièrement énergivores, font désormais l’objet d’une attention particulière et il n’est pas impossible de voir émerger d’ici peu de temps des systèmes CVC intelligents ou modulaires.

En matière d’isolation, aspect fondamental de la consommation énergétique, on perçoit également une évolution des approches. Les matériaux utilisés sont plus performants et on travaille désormais sur les ouvertures et sur l’étanchéité à l’air.

Concernant la préservation des ressources, les constructeurs s’attèlent à adopter une meilleure gestion de l’eau et ce, tant en ce qui concerne la consommation de cette ressource que son rejet après utilisation. À titre d’exemple, d’aucuns mettent en place des vannes électriques au sein des bâtiments construits, des moyens de collecte d’eau ou encore des systèmes d’eaux grises.

Place à l’éco-construction

Conscients que les projets immobiliers sont d’importants émetteurs de GES, les constructeurs entendent faire le nécessaire pour faire diminuer le plus possible leurs émissions liées à la construction. De nombreux engagements sont pris, annonçant la neutralité carbone de leurs projets à plus ou moins long terme (2040 ou 2050) quand celle-ci n’est pas déjà atteinte. À cet égard, de nombreuses firmes du secteur (GSE, Panattoni, Goodman, etc.) procèdent à une analyse du cycle de vie (ACV) de leur construction pour identifier les postes d’émissions et agir en conséquence. Ainsi, plusieurs leviers d’actions ont été identifiés.

L’utilisation de matériaux biosourcés en est un premier. À ce titre, des groupes comme Barjane, GSE ou Virtuo utilisent un béton bas-carbone pour leur construction et ce, en faisant notamment appel à des fournisseurs locaux. Le groupe REALITES est allé plus loin dans sa démarche puisque celui-ci a créé une unité de production sur site spécialisée dans la construction de matériaux et d’isolation biosourcée. Barjane a, au demeurant, signé la charte chantier vert à l’instar d’Alsei. Cette charte comprend de nombreux objectifs qui visent, entre autres, à limiter les nuisances (visuelles, acoustiques, etc.), les rejets dans l’air, les consommations électriques et les risques pour la santé du personnel. À ce titre, il convient de souligner qu’au sein de ses projets, Alsei utilise des matériaux biosourcés et produits localement tels le bambou et le cryptomeria.

D’aucuns, comme l’entreprise Goodman, abordent l’éco-construction par le prisme de la circularité. À cet égard, cette société ambitionne à horizon 2030 que 100% des immeubles construits puissent faire l’objet d’une déconstruction circulaire.

D’autres groupes, comme REALITES, se donnent pour objectif d’identifier précisément d’ici 2024 les matériaux et modes constructifs les moins émetteurs afin de réduire l’empreinte environnementale globale des produits et des ouvrages. Dans le cadre de cette démarche d’amélioration en continue, ce même groupe œuvre à ce que d’ici 2026 plus de la moitié des matériaux utilisés dans leurs constructions soient des matériaux à faible impact. Ces objectifs s’inscrivent dans une démarche globale, dans le cadre de laquelle ce groupe s’engage à réduire de 41% rapport à 2020 l’intensité carbone de ses maîtrises d’ouvrage (comprendre les émissions de GES (en tonnes) rapportées au chiffre d’affaires (en millions d’euros). Pour se contraindre à remplir ces objectifs environnementaux, le groupe s’est engagé à supporter des pénalités financières auprès de ses financeurs en cas de non-respect.

De son côté une structure comme Stone Hedge s’attèle à construire de manière raisonnée, en se conformant notamment à la Réglementation environnementale de 2020 (RE 2020). Cela se traduit par le réemploi des matériaux et par l’application d’un principe de réversibilité des usages. En outre, une analyse du cycle de vie des matériaux permettra, à terme, une déconstruction durable grâce à l’emploi de matériaux préfabriqués et assemblés sur place.

Le développement de constructions vivables

Pour répondre aux enjeux du développement durable, il convient de satisfaire aux exigences des piliers social et environnemental. Pour faire simple, il faut concilier le développement de la société et la pérennisation des écosystèmes naturels. À cet égard, les acteurs de la construction et de l’immobilier s’attèlent dès aujourd’hui à proposer des constructions que l’on pourrait qualifier de « vivables ».  

Pour ce faire, dès la conception du projet, constructeurs et promoteurs demandent conseil auprès d’écologues pour bénéficier de leur expertise sur la question et ce faisant, améliorer au maximum leur impact sur la biodiversité. Ces écologues conseillent notamment la construction de nouveaux bâtiments sur des terrains frichés afin de préserver les terres agricoles et non artificialisées. On perçoit l’application de ces préconisations chez l’entreprise Panattoni ou chez le groupe Goodman, qui tient pour objectif de construire 100 % de ses bâtiments sur des friches industrielles d’ici 2030. Ce choix de constructions sur des friches industrielles s’inscrit dans une volonté de minimiser l’artificialisation des sols. Le groupe REALITES entend à cet égard nullifier son artificialisation nette annuelle d’ici 2025.

Le premier aspect de ces constructions vivables concerne l’entretien des espaces verts. On utilise de moins en moins de produits phytosanitaires voire plus du tout (c’est le cas au sein des projets de Barjane). On tend également à diminuer la fréquence de tonte afin de favoriser le développement de ces écosystèmes. En parallèle, les constructeurs procèdent de plus en plus à la valorisation des déchets organiques et au paillage organique afin de favoriser la fertilité et l’enrichissement des sols. Certains en viennent à créer des zones humides et laissent leurs vergers en libre accès.

On assiste également à un enrichissement des espaces verts. Petit à petit, des abris verts s’installent dans les espaces nouvellement construits. Alsei, par exemple, fait la part belle aux insectes en construisant des « hôtels à insecte ». Dans le même temps, les constructeurs tendent à planter de plus en plus de plantes indigènes (d’origine locale), de plantes mellifères et de forêts urbaines, lesquelles participent entre autres à capter le CO2 émis et à refroidir leur environnement à travers leur respiration foliaire.

De même que les constructeurs s’attèlent à la protection de la terre, de même ces derniers ont levé la tête pour agir en faveur de ce qui se trouve au-dessus de nos yeux. Ainsi, naissent de plus en plus de façades et des toitures végétalisées. On assiste également à la construction de nichoirs afin de favoriser le développement des oiseaux. Mention spéciale au groupe Barjane qui implante des refuges LPO (Ligue de protection des oiseaux) sur bon nombre de ses sites de construction. Le groupe a procédé à une mesure du nombre des espèces d’oiseaux avant cette installation et en ont fait de même 3 ans plus tard. Les rapports de la LPO à cet égard démontrent une augmentation du nombre d’espèces entre temps. Les oiseaux ne sont pas les seuls êtres ailés à bénéficier de la prise de conscience des constructeurs. Ces derniers installent, en effet, de plus en plus de ruches au sein de leurs espaces verts.

À travers ces 3 problématiques, on perçoit la feuille de route et les enjeux que sont ceux du secteur BTP et de l’immobilier. Quand bien même il reste beaucoup à faire pour parvenir à des bâtiments énergétiquement efficients, éco-conçus et respectueux de la biodiversité, il semble que les acteurs de la construction et de la promotion immobilière ont pris conscience de leur responsabilité et ont bel et bien entamé leur transition vers un modèle de construction durable.

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